J’avoue que je suis toujours consterné quand je constate que certains cadres hauts placés croient encore en l’efficacité du protectionnisme. Jeudi dernier, par exemple, j’ai suivi un congrès à La Havane. Et durant le dîner de clôture, un collaborateur a expliqué le plus sérieusement du monde qu’il était nécessaire que l’Etat défende nos usines contre la concurrence asiatique. Son idée n’avait rien de bien nouveau. Selon cette personne, la mondialisation cause des dépôts de bilan en France. Il est donc capital que nous aidions notre industrie en la protégeant de la concurrence extérieure. Le protectionnisme est à l’évidence la seule manière de lutter contre ce fléau. Sauf que cette analyse est à mes yeux profondément tronquée : elle passe à côté de l’essentiel. Sous couvert d’aider, le protectionnisme ne sert en effet qu’à détruire nos industries, et il faudrait vraiment que cela se sache. Le protectionnisme est une initiative concertée en haut lieu pour contrarier la venue de produits extérieurs sur le marché national, et ce simplement parce qu’ils ont été élaborés hors de notre territoire. Le protectionnisme ne s’inquiète de fait à aucun moment de savoir si ces derniers pourraient être moins chers et donc plus intéressants pour le consommateur. Le protectionnisme est intrinsèquement un attrape-nigaud, selon moi, et ce autant pour l’acheteur que pour les industries qui demandent à être protégées. D’un côté, les français se voient contester l’accès aux produits concurrents. Ils sont de ce fait astreints à payer plein pot et profitent de choix plus restreints. De l’autre côté, le constat n’est pas plus positif pour les entreprise. Au début, les producteurs locaux semblent évidemment être les grands vainqueurs de cette mesure. Ils sont dispensés de la concurrence internationale et ne doivent ainsi pas faire l’effort de s’adapter à la loi du marché. Très logiquement, donc ils commencent ainsi à décliner et à être moins compétitifs, car ils ne sont plus poussés dans leurs retranchements. De fait, le jour où les mesures protectionnistes sont supprimées (et elles finissent toujours par l’être), cette industrie surprotégée se prend un effet retour de plein fouet. Les producteurs locaux auront pu se revigorer passagèrement sous la chaleur du protectionnisme mais disparaîtront aux premiers gels lorsqu’ils seront censés faire preuve d’autonomie… Sinon, ce congrès à Cuba était excellemment géré de bout en bout. Voilà d’ailleurs le site de l’agence qui s’en est occupée, si vous voulez vous faire votre propre idée… Retrouvez plus de renseignements sur l’organisateur de ce séminaire à Cuba.
Cuba, protectionisme et faillite
International / mercredi, novembre 14th, 2018